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Telegram finalement pas si « rebelle » face au Kremlin

Google et Apple ont fait sauter l’application de l’opposant Navalny sur ordre de Moscou. Les sympathisants se sont alors tournés vers Telegram, mais l’application de Pavel Dourov leur a tourné le dos. Alors que sa présence sur les stores mettait en danger la victoire aux élections législatives du parti de Vladimir Poutine, « Telegram » s’est vu censuré sur le territoire russe.

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Les élections législatives se sont tenues en Russie la semaine dernière de vendredi à dimanche. Sans surprise, le parti de Vladimir Poutine est sorti grand gagnant avec 49,46% des voix, loin devant les communistes et leur 19,61%. Il faut dire que ces derniers étaient quasiment les seuls à avoir encore le droit de faire face à la puissance en place, tous les autres ayant été purement et simplement interdits. Pourtant, certaines offensives ont été mises en place pour tenter de contrer l’hégémonie de ce pouvoir totalitaire, mais elles se sont confrontées à une censure venue d’en haut. Le problème globale étant que les géants de la tech comme Apple et Google ont dangereusement joué le jeu de cette politique extrémiste.

Navalny en bloc

Oser s’opposer à Vladimir Poutine n’est pas chose simple et peut même s’avérer très dangereux, voire mortel. Et ce n’est pas Alexeï Navalny qui vous dira le contraire. L’avocat russe et opposant au régime a échappé miraculeusement à un empoisonnement en 2020 et croule aujourd’hui de mauvais jours en prison pour une peine de deux ans et demi. Pourtant, même enfermé dans un camp de travail, il n’en oublie pas ses engagements et son envie de déboulonner le plus qu’il peut le pouvoir en place. Ces élections législatives étaient donc une nouvelle opportunité pour lui de tenter de nouvelles choses. Lui et son équipe ont donc mis en place une application comprenant des instructions pour que les électeurs votent contre le camp du président russe.

smartphone android
L’application de l’opposant Navalny, rapidement mise sur la touche par les serviles Google et Apple…
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À chaque fois, et selon votre circonscription, vous y trouviez les consignes à suivre pour être sûr de faire le choix le plus approprié si vous ne vouliez pas soutenir les représentants de Poutine. C’est le concept de « Smart Voting ». Comme on s’en doute, ça ne lui a pas plu et les sanctions sont vite tombées.

Un Telegram trop complaisant

Cette application a reçu en effet les foudres du Roskomnadzor, le gendarme russe des télécoms. En moins de deux, il était demandé à Apple et Google de le supprimer de leurs stores respectif. Les sympathisants de Navalny se sont alors tourné vers Telegram. Rebelote, les deux géants américains ont donc passé le message à leur tour à la messagerie russe, lui demandant de s’occuper de son bot avant de se faire exclure. Pavel Dourov, son fondateur et pourtant loin d’être un grand fan du Kremlin, s’est exécuté sans se battre face à cette pression venue de plus haut.

La raison invoquée implique la loi russe qui, comme dans de nombreux pays, interdit de continuer les campagnes électorales une fois que les bureaux de vote sont ouverts. Le bot de Navalny pouvait donc être considéré comme illégal à partir de vendredi. Sauf qu’il a été supprimé dès lundi. Avec son chiffrement de bout-en-bout et ses habitudes contestataires, nous pensions que Telegram montrerait moins d’empressement à obéir.

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Pour expliquer son geste, Dourov a confié que les développeurs comme lui n’avaient pas vraiment d’autres choix que de se résigner à suivre les règles édictées par Apple et Google. Sous couverts de non-respect des conditions d’utilisation, il déplore que les deux entreprises américaines aient cédé au chantage du gouvernement russe. Il y voit même une façon de faire déstabilisante pour le futur de la démocratie du pays et ailleurs, estimant que « le blocage d’applications par Apple et Google crée un précédent dangereux qui affectera la liberté d’expression en Russie et dans le monde entier ». Il oublie que Telegram n’a pas besoin de Google pour exister (il est possible d’installer l’appli sous forme de fichier APK), et même si c’est plus compliqué pour les possesseurs d’iPhone, il baisse bien vite les bras à notre goût.

L’exemple de Telegram aujourd’hui montre bien la fragilité d’une telle main mise sur le marché des applications par Google et Apple qui peuvent, en un simple clic, détruire une entreprise. Et quand la décision de vie ou de mort d’une application est prise à des fins politiques, un gros problème de conscience se pose.

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