Le but de cet article n’est pas de porter un jugement sur Russia Today (RT) ou Sputnik. Ces deux médias ne se sont jamais caché d’être subventionnés par Moscou. Il s’agit plutôt de savoir si cette interdiction « à la va-vite » n’est pas contre-productive dans ce contexte de guerre de l’information. Car RT et Sputnik sont accusés d’être des outils de propagande du Kremlin.
Partons du principe que c’est le cas.
Pourquoi alors ne pas avoir mis au ban ces chaînes d’informations avant cela ? L’Arcom (le nouveau nom du CSA) avait pourtant accordé une licence de diffusion en 2017 qui a été renouvelée en 2020.
La souriante Ursula d’Enfer
La décision prise hier par le Comité des représentants permanents des gouvernements des États membres de l’Union européenne (COREPER) a été radicale puisque RT a été suspendu sur les bouquets des FAI, des programmes satellites et des plates-formes de stream en un temps record. La très sympathique Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a été très claire : « RT et Sputnik, des médias appartenant à l’État russe, ainsi que toutes leurs filiales, ne pourront plus répandre leurs mensonges pour justifier la guerre menée par Poutine ».
Vous ne la connaissez pas cette souriante dame ? C’est normal, vous n’avez jamais voté pour elle. Elle parle pourtant à votre place et vient de censurer deux médias suivis par des millions de gens. Encore une fois : même si RT et Sputnik ne racontaient que des inepties, la censure est inacceptable.
Pourquoi ? Nous allons vous expliquer.
Image diffusée à l'instant sur le flux vidéo de RT France : pic.twitter.com/63VhHKbTdJ
— marc rees (@reesmarc) March 2, 2022
Poutine ne va pas rester les bras croisés
On ne va même pas parler des 176 salariés qui vont se retrouver au chômage, car ce sont des « collabos » non ? Pourtant RT avait donné la parole aux gilets jaunes quand les sociaux-traîtres de la gauche bien pensante les qualifiaient de groupuscule d’extrême droite. RT a aussi donné une voix à ceux qui luttaient contre le « corona-circus » et les mesures liberticides du gouvernement français. Un son de cloche différent.
Alors certes, RT minimise l’attaque russe sur l’Ukraine et fait passer les Ukrainiens pour un peuple belliqueux, mais à chaque action il y a une réaction. Combien de temps avant que Poutine ne fasse interdire RFI, Euronews et France 24 qui sont présentes sur le territoire russe ? La faiblesse de Poutine c’est la colère éventuelle de son peuple face aux restrictions de l’Ouest. Sans cette information « dissidente », pour l’instant encore autorisée en Russie, comment la population locale pourrait se faire un avis différent que celui apporté par la première chaîne nationale russe, « Poutine TV » ?
Mais bon, la censure, ça va quand c’est « le camp du bien » qui la pratique… Les autres sont des despotes.
Le Syndicat National des Journalistes a joliment réagi : « On ne défend jamais la liberté en attaquant les journalistes ». C’est pourtant évident.
En Ukraine, en Russie, comme ailleurs, les représailles politiques dirigées contre les rédactions sont préoccupantes.
Communiqué SNJ: "On ne défend jamais la liberté en attaquant les journalistes" 👇https://t.co/yrV5NL4VNz@IFJGlobal @EFJEUROPE pic.twitter.com/qdAudcgL9c— SNJ – premier syndicat de journalistes (@SNJ_national) February 28, 2022
Comment regarder Russia Today et Sputnik alors ?
Pour ceux qui le souhaitent, il est possible de contourner la censure en passant par un VPN et de regarder RT France et Sputnik, même s’il y a des chances que la quantité des programmes originaux s’amenuisent avec le temps (RT a toujours un direct qui fonctionne). Avant qu’Ursula ne décide que vous êtes du côté des méchants et ne demande la suppression de Gulli, de Cnews ou d’Equidia (chevaux = facho), il faudrait peut-être penser vous aussi à faire un tour sur notre page dédiée aux VPN. En ce moment, CyberGhost est en promo à 1,99 €.
