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Vote électronique : la fausse bonne idée bientôt sur nos smartphones ?

Dimanche 27 juin, s’est tenu le deuxième tour des élections régionales. Avec un taux d’abstention estimé à 65,7% par Ipsos/Sopra Steria, un nouveau record a été battu. De quoi relancer le débat sur l’intérêt de la mise en place du vote en ligne.

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Dans neuf mois, se tiendra le premier tour de l’élection présidentielle. Dans la perspective de cette échéance, les élections régionales étaient censées fournir un dernier indicateur. Cela n’a pas raté. Comme c’est le cas depuis des dizaines d’années, le taux d’abstention est venu voler la vedette à tous les partis politiques, atteignant 66,72% au premier tour puis 65,7% au second. Face à cette perte de considération, la mise en place du vote électronique est perçue par beaucoup comme une alternative crédible et rentable. Ce dernier permettrait à chaque électeur de pouvoir voter sans se déplacer et en passant par Internet.

Des résultats contrastés

Instinctivement, l’idée semble alléchante. On peut avoir tendance à penser que beaucoup de citoyens ne se déplacent pas par manque de temps ou de motivation. Si cette explication au fort taux d’abstention se révélait la bonne, le vote en ligne s’imposerait comme la solution idéale. D’ailleurs, il est presque certain que s’il l’on sondait la population, l’idée du vote électronique serait accueillie positivement par l’opinion publique. Mais dans les pays où il a été testé, le vote en ligne n’a pourtant pas changé grand-chose.

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Généralisé en Estonie depuis 2005, il a entraîné une légère baisse du taux d’abstention en passant de 42 à 36%. Pas de quoi crier au génie. Ce qui a surtout été observé, c’est une évolution dans la manière de voter des jeunes électeurs. Avec le vote électronique, ils ont eu tendance à moins se déplacer. A l’inverse, les personnes plus âgées, moins à l’aise avec les outils informatiques, ont plutôt conservé leurs habitudes en continuant à aller dans les bureaux de vote. L’outil s’est donc révélé précieux pour les jeunes car synonyme de gain de temps, mais n’a pas pour autant permis une augmentation du nombre de votants.

La sécurité, priorité absolue

Quand bien même vote en ligne et diminution du taux d’abstention seraient inhérents, d’autres problèmes se posent. Parmi eux, la sécurité du protocole. L’essor des cyberattaques nécessite un système à la sécurité maximale. C’était d’ailleurs suite à une recommandation de l’ANSSI (Agence Nationale de la Sécurité des Systèmes d’Information) que le vote en ligne pour les Français résidant à l’étranger a été interdit par le gouvernement lors des présidentielles de 2017.

vote électronique
Voatz, une appli de vote électronique utilisée en 2018 aux élections midterms américaines a été jugée vulnérable aux attaques pirates par des chercheurs du MIT

Pour pouvoir passer au vote en ligne, un système fiable constituerait un excellent point d’ancrage. Seulement, aujourd’hui, il est absolument impossible de mettre en place un système sûr et pouvant fournir des preuves que le résultat donné est bien le bon. En Norvège, les tests ont ainsi abouti sur un arrêt du vote en ligne, le gouvernement mettant en lumière la trop faible évolution du taux d’abstention et les trop nombreux bugs recensés. L’un d’eux avait notamment permis à certaines personnes de voter à deux reprises. Une plateforme pouvant, en toute sécurité, enregistrer les connexions de 48 millions de personnes en à peine 24h, serait un exploit technologique extraordinaire. Sans cette fiabilité assurée, difficile d’obtenir la confiance des citoyens et donc d’augmenter la participation.

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Techniquement impossible à l’échelle nationale, le vote électronique soulève un débat qui cache en réalité une problématique plus préoccupante : l’intérêt des Français pour leurs représentants politiques. Au vu de son impact dans d’autres pays, se démener pour le mettre en place en France ne serait donc que déplacer le véritable problème. Une plateforme sécurisée et facile d’utilisation changerait peut-être la donne, même s’il faut admettre que la tendance n’incite pas à l’optimisme.

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