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StopCovid : Jean Castex reconnaît que c’est un fiasco et pointe « un manque de communication »

Le Premier ministre Jean Castex a concédé lors d’une interview pour France Inter que StopCovid « n’a pas eu les résultats espérés », la faute à « un manque de communication ». Avec seulement 72 notifications envoyées à ses utilisateurs en date du 20 août, l’application est plutôt un fiasco.

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« StopCovid est un outil dans la panoplie de lutte contre l’épidémie (…) il n’a pas obtenu les résultats qu’on espérait ». Voilà ce que les auditeurs ont pu entendre ce mercredi matin sur France Inter, lors de l’interview du Premier ministre Jean Castex. « Peut-être, je veux bien en convenir, par défaut de communication », a-t-il poursuivi.

Le chef du gouvernement reconnait enfin officiellement que StopCovid est un raté, même si les mots du Premier ministre restent très doux. En effet, il conviendrait plutôt de dire que l’application de traçage est un véritable fiasco, et qu’un « défaut de communication » n’a absolument rien à voir dans ce naufrage franco-français.

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Il faut dire que les chiffres parlent d’eux-mêmes : 14 notifications envoyées trois semaines après son lancement le 2 juin. Au 20 août, seulement 72 notifications. Pour une application qui coûte entre 200 000 et 300 000 euros par mois en maintenance et en hébergement selon des informations du Nouvel Obs, les contribuables doivent être ravis de voir que leur argent est utilisé à bon escient.

stop covid logo
Crédits : Gouvernement français

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Un processus à la complexité insensée

Et pourtant, tous les éléments d’un raté phénoménal étaient présents. Le fonctionnement de StopCovid est par exemple d’un compliqué, comparé aux autres solutions de traçage décentralisées adoptées par une majorité de pays de l’UE. En effet, pour qu’une notification soit envoyée, il faut cocher toutes ces cases :

  • Deux personnes doivent avoir été en contact pendant plus de 15 minutes
  • Le tout à moins d’un mètre
  • Le Bluetooth doit être activé sur les smartphones respectifs des utilisateurs
  • Aucune défaillance ne doit survenir sur les deux appareils (redémarrage intempestif ou autre)
  • Si l’une de deux personnes est testée positive au Covid-19, elle se voit remettre un QR Code
  • La personne malade doit rentrer le QR Code dans l’application
  • StopCovid envoie alors une notification aux différentes personnes que le malade a croisées pour les informer d’un risque de contamination
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Résultat de ce processus aussi compliqué qu’un film de David Lynch : 72 notifications. Les Français ne s’y sont pas trompés. Après avoir plutôt bien démarré en atteignant le million de téléchargements en quatre jours, les utilisateurs ont rapidement décidé de désinstaller StopCovid : à la mi-juin, on notait 460 000 désinstallations pour 1,8 million d’utilisateurs totaux, soit une personne sur quatre qui a choisi de se passer de l’appli.

smartphone android

Le « manque de communication » n’y est pour rien

De fait, difficile d’avaler la pilule gentiment proposée par Jean Castex. Non, l’échec cuisant de StopCovid n’est pas lié à un manque de communication. Il est lié à la volonté incompréhensible de Cédric O et du gouvernement français de faire cavalier seul, en refusant la solution de traçage décentralisée proposée par Google et Apple.

D’ailleurs, en voulant agir unilatéralement, la France a logiquement été écartée du projet de l’Union européenne d’harmoniser l’ensemble des applications de tracking médical utilisées en Europe. De fait, StopCovid n’a plus aucune utilité dans l’Hexagone, qui accueille depuis quelques semaines des touristes venus des quatre coins du Vieux Continent.

Des touristes potentiellement porteurs de la maladie, qui ne seront pourtant pas pris en compte par StopCovid, faute de collaboration entre l’appli française et les autres applis européennes de traçage.

Malgré ce naufrage digne du Titanic, le gouvernement semble vouloir s’acharner à transformer StopCovid en succès. D’après la Direction générale de la Santé, une nouvelle campagne de communication est en préparation pour la rentrée. On a hâte.

Source : France Inter

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