StopCovid est une application qui doit sortir début juin pendant la deuxième phase de déconfinement. Alors que certains pays comme la Pologne et Taiwan utilisent le réseau GSM pour pister les citoyens et qu’Israël a préféré la géolocalisation, la France s’est inspirée de pays comme Singapour avec un système d’interconnexion Bluetooth. L’idée est simple : l’appli vous enverra une notification si vous avez croisé une personne infectée. Il suffira alors de vous faire dépister et de rester chez vous si vous êtes porteur du virus. Certes, le Bluetooth n’est pas la meilleure technologie pour calculer la distance entre X et Y, mais cela a le mérite d’éviter le pistage des citoyens.
Pour l’instant on parle de volontariat et les données seront potentiellement chiffrées et anonymisées. Cette histoire partait plutôt bien, mais il y a deux soucis. Le premier concerne la centralisation des données : la France veut garder les données sur un serveur ce qui ne plaît pas à tout le monde, notamment à la Quadrature du Net. Ensuite, il y a un autre problème avec le Bluetooth. C’est que son utilisation répond à un cahier des charges précis sur les systèmes Android et iOS (presque 100 % du parc de smartphone). On ne fait pas n’importe quoi avec le Bluetooth pour des raisons d’économie de batterie, mais surtout de sécurité.
La petite phrase mesquine en trop…
Conscient de la crise sanitaire, les deux frères ennemis Google et Apple ont décidé de créer une solution commune sous la forme d’une API. Cette interface de programmation peut très bien être utilisée par tout le monde. Or, ce système utilise une méthode décentralisée : pas de serveur qui stocke toutes les informations, mais une répartition des données chiffrées sur tous les smartphones. Une solution sûre, à condition qu’elle soit open source, mais que la France refuse, car cela ne correspond pas à « son » idée. C’est là que ça devient fameux… Cédric O est donc allé voir Google et Apple pour leur demander de bien vouloir quand même déverrouiller le Bluetooth rien que pour StopCovid et la patrie en danger.
Même si on ne sait pas ce que Google a répondu, le Secrétaire d’État chargé du Numérique s’est vu opposer une fin de non-recevoir par Apple « pour une raison que je ne comprends guère ». Alors là, on ne sait pas trop : est-il complètement à côté de la plaque ou feint-il l’étonnement ? Il faut se souvenir qu’après l’affaire de la fusillade de San Bernardino en décembre 2015, Apple a refusé de laisser une porte dérobée sur iOS pour permettre d’arrêter plus facilement les terroristes au nom de la sécurité et de la vie privée de ses clients. Ce que la firme américaine a refusé au FBI, elle l’accepterait pour les beaux yeux de Cédric O ? Dans son élan, le redoutable marcheur a eu cette phrase terrible qui doit encore résonner dans la tête du frêle Tim Cook : « Il faudra s’en souvenir le moment venu ». Vite, vendez vos actions Apple !

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