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Russie : la population tente de contourner la censure des médias

L’accès aux actualités libres est en ce moment cloisonné par le gouvernement russe, mais le peuple se démène pour trouver des moyens de mettre tout de même la main sur d’autres sources d’informations.

Pour nous, en France, il est plus que compliqué de trouver une quelconque justification à l’attaque de l’Ukraine par le gouvernement russe. Pourtant, on le sait, dans le pays tenu d’une main de fer dans un gant de béton par Vladimir Poutine, cette « opération spéciale » (comme il aime lui-même à l’appeler) est avant tout perçue comme une libération de la population ukrainienne asservie par des Nazis qui l’obligent à parler leur langue. Même si les relations entre les deux pays sont complexes et pas aussi manichéennes que ça, en Europe tout le monde a évidemment bien conscience que Poutine est allé trop loin et que cette « dénazification » n’est qu’un prétexte pour tenter d’annexer le pays. Pourtant, en Russie, c’est le seul son de cloche qui a droit d’antenne, que ce soit à la télévision, à la radio ou dans les journaux. Pour découvrir la vérité, la population doit donc trouver des moyens détournés.

Pour crever l’accès

Il faut savoir en effet que le gouvernement russe a banni l’accès sur son territoire à de très nombreux sites occidentaux considérés comme sources d’information de pays « hostiles » à la patrie. Ainsi, impossible par exemple d’y ouvrir les pages de la BBC, de CNN, Bloomberg ou BFMTV. Même sanction avec les réseaux sociaux puisque Facebook, Instagram et Twitter sont également inaccessibles. Sur les canaux du pays des tsars, on accumule les fake news en dénonçant des manipulations par les Ukrainiens qui attaqueraient eux-mêmes leur territoire pour faire croire à des exactions russes. Le comble du cynisme étant atteint concernant les images des massacres de Bucha décrites par les porte-paroles russes comme des mises en scène dignes un film. Heureusement, le gouvernement de Poutine ne représente pas le peuple et de nombreux Russes ne sont pas dupes.

C’est effectivement ce que laisse entendre les ingénieurs de Cloudfare qui nous dévoilent une certaine réalité après l’analyse des téléchargements d’application sur le Play Store et l’App Store. Aux trois premières places, nous trouvons des VPN et, au pied du podium, Telegram, la messagerie chiffrée. Cela montre bien que l’intérêt pour les sources d’informations extérieures est bien là (à moins que ce soit juste pour regarder Netflix…). Les VPN servent en effet à se connecter au réseau Internet en faisant croire que l’on est dans un autre pays et également à surfer anonymement. Un écran de fumée qui représente plutôt un avantage dans un pays où toute propagation d’information discréditant l’armée est punie de 15 ans de prison.

Jusqu’à quand ?

Si ce tableau très parlant fait figure de promesse d’espoir quant à l’accès à la vérité par le peuple russe, il faut tout de même savoir que plus d’une vingtaine de services VPN ont déjà été interdits sur le territoire. Le Kremlin a même annoncé que d’autres proscriptions suivront bientôt. Pourtant, invité sur le plateau d’une émission de télévision biélorusse, Dmitry Peskov, le porte-parole du gouvernement russe, a lui-même révélé qu’il avait installé un VPN sur son ordinateur.

Il faut dire que certains sont toujours autorisés à fonctionner s’ils respectent certaines directives gouvernementales. Autre fait important mis en avant par Cloudfare, la forte augmentation des téléchargements de Warp/ 1.1.1.1. Cet outil permet d’avoir accès à un site étranger en se connectant à un serveur distant. Les fournisseurs d’accès ne peuvent donc pas surveiller les requêtes DNS. Selon les analyses, bien que très peu utilisé en Russie en février, son utilisation y a explosé dès le début de la guerre. Le trafic DNS des recherches portant sur les médias français, britanniques et américains aurait même quintuplé.

De là à rêver d’une révolte du peuple russe mécontent que l’on fasse une guerre qu’il ne veut pas en son nom…

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