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Nicolas Krafft, ancien dirigeant de L’Oréal, identifie 4 objectifs éprouvés pour créer des marques de beauté durables

L’industrie cosmétique n’était pas reconnue pour être la plus responsable. Représentant plus 532 milliards de dollars elle laisse dans son sillage déchets, pollution et autres produits chimiques potentiellement dangereux pour la santé. A elles seule, les marques de beauté génèrent chaque année plus de 120 milliards d’emballages.

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Heureusement, les grandes marques de beauté prennent de plus en plus conscience de leur responsabilité et essaient de se transforment sans renoncer à la qualité de leurs produits.

Mais rendre l’univers de la beauté plus durable n’est pas chose facile. Les marques doivent revoir l’ensemble de leur chaîne de création : leurs ingrédients, leurs processus de fabrication, leurs emballages, leurs chaînes logistiques jusqu’au mode de consommation de leurs produits.

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Il est inévitable que l’industrie de la beauté laisse un certain impact sur notre environnement.

Mais l’industrie peut minimiser son empreinte en suivant les traces de certaines petites marques qui sont devenues les leaders de la beauté responsable.

Nicolas Krafft, ancien cadre de L’Oréal, a participé au programme de management du Cambridge Institute for Sustainability Leadership et a analysé les bonnes pratiques de la beauté durable. Nicolas Krafft propose aux marques quatre grands objectifs sur lesquels se concentrer.

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Selon Nicolas Krafft, aucune marque ne peut se permettre aujourd’hui de ne pas être durable :

  • Comme l’a identifié McKinsey, la génération Z (personnes nées entre 1995 et 2010) privilégie des choix plus éthiques en tant que consommateurs que les générations précédentes. La consommation de la génération Z soutient intentionnellement les marques qui reflètent et défendent leurs principes moraux et éthiques. Cette génération qui a grandi avec les réseaux sociaux est aussi beaucoup plus susceptible de boycotter les marques qui ne pratiquent pas ce qu’elles prêchent.
  • Les marques de beauté durable ont pris de l’avance et sont en forte croissance, comme Davines, une entreprise familiale italienne certifiée B-Corp. Avec un œil rivé sur l’éthique et son impact environnemental, elle a devancé les grandes marques en promouvant de nombreuses initiatives de beauté durable et affiche une excellente performance économique.
  • Les produits de beauté durable servent également à protéger leurs utilisateurs, surtout les professionnels tel que les coiffeurs ou les esthéticiennes qui sont au contact quotidien avec ces produits encore trop souvent issus de la chimie.

4 façons dont les marques peuvent rendre la beauté plus durable.

Nicolas Krafft a identifié quatre objectifs pour l’industrie cosmétique afin qu’elle contribue de manière significative à un monde plus durable.

1 – Réduire les émissions de CO2

Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) sont l’une des principales causes du changement climatique. Selon l’Agence de protection de l’environnement, le transport et la production sont parmi les plus grandes sources d’émissions de CO2.

Dans le cadre du programme de l’ONU pour la réduction du climat la plupart des plus grandes entreprises de cosmétiques sont déjà engagées à intégrer la réduction des émissions de CO2 dans leurs objectifs.

Davines a fait de la beauté responsable le cœur de son ADN. En 2019, elle a réduit ses émissions de 47% et s’est engagé à être neutre en carbone d’ici 2030. Son engagement va même au-delà, puisqu’elle a commencé à compenser le carbone généré par les trajets domicile-travail de ses employés.

Aveda, de son côté fabrique désormais tous ses produits avec de l’énergie éolienne et compense ses émissions de carbone dans les autres domaines de ses activités. A une plus large échelle le groupe Estee Lauder a récemment annoncé qu’il avait atteint la zéro émission nette sur l’ensemble de ses opérations.

Les modes de production durable impliquent entre autres de réduire la consommation d’électricité et d’alimenter les usines, les bâtiments et les centrales d’expédition avec des énergies renouvelables. Les marques de beauté ne peuvent pas changer du jour au lendemain, mais chaque tonne de carbone émise en moins est une victoire. Et lorsque la réduction des émissions de carbone fait partie de l’ADN d’une entreprise celle-ci s’implique à réduire non seulement ses émissions de CO2 mais aussi celle de tous ses partenaires.

La plupart des marques se targuent d’avoir des objectifs ambitieux de zéro émission, mais comptent encore largement sur la compensation de leurs émissions (neutralité carbone). La prochaine grande étape consiste à passer de la compensation à la réduction des émissions à la source, mais cela nécessite de l’innovation.

2 – Réduire la consommation d’eau

Saviez-vous que 59 % de la consommation d’eau aux États-Unis provient de la production industrielle. Les marques de cosmétiques et de beauté ont besoin d’une importante quantité d’eau dans le processus de fabrication de leurs produits.

Avec un nombre croissant de nouveaux produits lancé chaque année, la pression sur cette ressource naturelle la plus précieuse est en constante augmentation et les marques doivent prendre des mesures pour la protéger.

Il n’est pas facile de réduire la consommation d’eau mais c’est possible, selon Nicolas Krafft.
Henkel en a fait une priorité et se félicite d’avoir réduit sa consommation d’eau par tonne métrique de 28 % au cours de la dernière décennie.

Les marques de cosmétiques peuvent encore faire de grands progrès en travaillant sur la formulation de leurs produits. En se tournant par exemple vers des shampooing en poudre qui ne nécessitent pas d’eau ou vers des formules biodégradables.

Les produits capillaires sont aussi grands consommateurs d’eau lors de leur utilisation, en particulier dans les salons de coiffure qui utilisent en moyenne 1200 gallons d’eau par mois.

Certaines marques ont mis en place des programmes d’éducation et de certification pour les salons qui veulent évoluer vers des pratiques plus durables et d’autres ont introduit des nouveaux types de robinets qui minimisent la quantité d’eau utilisée ou pourraient la recycler en circuit fermé dans le futur. Mais beaucoup de choses doivent encore être revue dans certaines catégories telles que la coloration capillaire qui doit encore être rincé à l’eau.

Nicolas Krafft estime qu’il y a encore de la place pour de véritables innovations qui apporteront un véritable avantage compétitif.

3 – La réduction des déchets

Les déchets sont un autre problème majeur auquel l’industrie cosmétique est confrontée. Le plastique et le carton sont omniprésents dans l’industrie en particulier dans les multiples couches de packagings des produits de beauté et les PLV qui vantent leur efficacité.

Mais une grande partie de ces emballages finissent directement avec nos déchets. C’est pourquoi les marques de beauté doivent complètement revoir leurs politiques de packaging et d’animation de leurs points de vente.

En pratique, cela signifie repenser les produits pour limiter les emballages inutiles, surtout si ceux-ci ne sont pas biodégradables.

La plupart des entreprises cosmétiques se sont désormais engagées à utiliser plus de matériaux recyclables et recyclés. Kevin Murphy, une marque australienne de produits capillaires, a commencé à fabriquer ses flacons à partir de plastiques récupérés dans les océans. À elle seule, cette initiative devrait permettre de réutiliser 360 tonnes de plastique chaque année.

Les exemples se multiplient désormais. En mettant en place un programme de recyclage de ses bouchons en plastique, Aveda a permis de récupérer plus de 150 millions de bouchons rigides. Grace à son partenariat avec Terra Cycle, Henkel propose aux consommateurs américains de recycler leurs produits de soins capillaires en échange de dons à un organisme de bienfaisance de leur choix.

Il faut désormais développer une approche globale du cycle de vie des produits dès leur conceptions, allant du choix des matières premières jusqu’à leur utilisation par le consommateur final. Cela permettra d’avoir une vision globale de l’empreinte environnementale d’un produit, d’accélérer l’innovation et de collaborer efficacement avec les partenaires externes tout au long de la chaîne de création de valeur.

4 – Le choix des ingrédients

Selon Nicolas Krafft, les comportements d’achat des consommateurs changent. Les consommateurs d’aujourd’hui ne se contentent plus du « greenwashing », qui a prévalu pendant de nombreuses années. Ils se tournent massivement vers la beauté « clean », bio ou naturelle, qui est devenue une catégorie à part entière chez les retailer tels que Sephora ou Ulta. Les consommateurs ne transigent toujours pas avec la performance produit mais sont désormais prêts à payer un prix plus élevé pour un produit d’origine naturelle.

L’élimination d’ingrédients potentiellement toxiques et l’utilisation d’ingrédients d’origine naturelle vont devenir un must pour toute les marques de beauté. Les formules et les emballages synthétiques qui ne peuvent pas être recyclés, rebuteront les clients vont progressivement faire place à des produits toujours plus naturels et durables.

Aujourd’hui de nombreux ingrédients qui pouvaient être éliminés sans altération des performances du produit l’ont été, soit par la régulation, soit par la pression des consommateurs.

La prochaine étape sera de d’attaquer à ceux dont on ne sait pas encore se passer. Cela nécessitera est une refonte complète des formules, l’invention de nouvelles routines et l’éducation des consommateurs à des nouvelles habitudes qui permettront d’éviter ces ingrédients tout en garantissant des performances comparables.

Avec de plus en plus de consommateurs exigeants, l’innovation sera sans aucun doute une des clés de du succès. Un chose est sûre : la cosmétique responsable sera la nouvelle norme de l’industrie à l’avenir.

À propos de Nicolas Krafft

Nicolas Krafft est un ancien cadre de L’Oréal qui a effectué toute sa carrière dans le monde de la beauté. Né en Suisse, Nicolas Krafft a vécu au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en France et en Europe de l’Est.

Nicolas Krafft a dirigé le lancement de sa marque Matrix en Asie, développé l’ensemble du portefeuille de marques de la division professionnelle de L’Oréal en Europe de l’Est. Basé à New York il a transformé la stratégie commerciale des marques Matrix et Biolage, puis a pris en charge l’internationalisation de la marque Pulp Riot acquise par L’Oréal en 2018 et très présente sur les réseaux sociaux.

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