Emmanuel Macron a accordé un entretien à nos confrères du Point alors que le second tour de l’élection présidentielle aura lieu dans à peine plus d’une semaine. Le président sortant a répondu à de nombreuses questions, dont certaines concernant le numérique. Après avoir tenté de séduire l’électorat de gauche, l’homme politique en campagne gonfle les muscles pour rappeler à tout le monde que c’est lui le chef. Il s’attaque notamment aux réseaux sociaux.
Il pointe tout d’abord la trop grande facilité de partage d’informations qui y règne, laissant la place à certains de propager fake news, attaques personnelles et rumeurs.
On peut [y] tuer des réputations, propager des fausses nouvelles, pousser des gens aux suicides. […] Quand on lit ce que pense Mark Zuckerberg par exemple, ou même Elon Musk, qui est devenu actionnaire de Twitter et qui est libertarien, on se rend compte qu’ils ont aussi une vision du monde. Or la société qui se dessine ainsi n’est pas toujours démocratique.
Le candidat fustige également le relatif anonymat de ceux qui se permettent tout et n’importe quoi en pensant qu’il ne peut rien leur arriver.
Dans une société démocratique, il ne devrait pas y avoir d’anonymat. On ne peut pas se promener encagoulé dans la rue. Sur Internet, les gens s’autorisent, car ils sont encagoulés derrière un pseudo, à dire les pires abjections.
Une posture démagogique puisque l’anonymat n’existe pas vraiment sur Internet. Si on veut trouver une personne fautive, on le peut, même si elle utilise un VPN, outil ayant pourtant une réputation de cape d’invisibilité numérique. Une enquête minutieuse finira toujours par dévoiler l’identité de la personne mise en cause. Il est également en décalage avec Cédric O, son actuel secrétaire d’État au Numérique, qui, lui, prône le principe contraire. Mais le « Macron-show » n’est pas fini puisqu’il poursuit avec la situation de monopole de certaines entreprises.
Emmanuel Macron envisage de « démanteler » WhatsApp, Facebook et Instagram https://t.co/Q7CUJv8ZvY
— 20 Minutes (@20Minutes) April 14, 2022
Meta cagoule !
Le président soulève en effet l’omniprésence de sociétés boulimiques qui achètent à tout va et se retrouvent à détenir un peu tout, comme Meta qui possède Facebook, Instagram et WhatsApp sous son aile. Pour s’en défendre, Emmanuel Macron a une solution magique.
Il y a d’abord le sujet des réseaux sociaux. Beaucoup sont aujourd’hui américains. Il ne faut pas hésiter à envisager le démantèlement de ceux qui sont en situation de monopole et réguler. […] Les sociétés démocratiques ne peuvent accepter que des plateformes soient en situation de monopole, je suis favorable à ce que les régulateurs européens de la concurrence se réarment face à ce risque.
Il rejoint ainsi les autorités américaines elles-mêmes qui accusent le groupe de Mark Zuckerberg d’abus de position dominante et qui souhaitent que Meta revende justement quelques sociétés qu’elle possède. Mais avant de vouloir « démanteler » une société étrangère privée, on pourrait peut-être commencer par lui faire payer des impôts, non ? On voit clairement qu’avec de tels discours, Emmanuel Macron ne fait que brasser du vent : des punchlines pour faire les gros titres et des tapes dans le dos à Bill Gates ou Zuck dans 6 mois (s’il est réélu).
Mais le « préz » est aussi un peu jaloux. Il est en effet assez mécontent qu’aucune société française, voire même européenne, ne soit concurrentielle sur ce marché-là. Il souhaite ainsi « assurer notre souveraineté dans les domaines des plateformes, des applications mobiles, des métavers, du cloud de la cybersécurité » pour contrer les mastodontes américains et chinois. Il a tout de même conscience que la chose prendra au moins 10 ans. Le bougre prépare son élection de 2032. Malin.