Une chose est certaine, StopCovid nous aura bien fait marrer pendant ses premiers mois de carrière. On se souvient de cette formidable interview de Jean Castex, durant laquelle il avait reconnu que StopCovid était un fiasco caractérisé par un « sérieux manque de communication ».
Dans la foulée, le Premier ministre avait annoncé une refonte complète de l’application, à venir le 22 octobre 2020. StopCovid est mort, faites place à TousAntiCovid. Au programme, un nouveau nom histoire de bien faire comprendre aux Français que StopCovid est enterré même si c’est exactement le même code source à la base et que le choix du Bluetooth pour déterminer la distance entre les personnes est toujours aussi absurde (selon l’aveu même de son inventeur). Au programme : une interface flambant neuve, et l’intégration de plusieurs fonctionnalités, comme le fait de pouvoir éditer et télécharger son attestation de déplacement directement depuis l’appli, de savoir où aller se faire tester et combien de morts il y a eu la veille (enfin plutôt, combien de morts ont été compté…)
Résultat des courses, l’application de traçage numérique est plus téléchargée bien mieux que la première mouture et a dépassé la barre symbolique des 10 millions de téléchargements. Ce n’est toujours pas assez pour être efficace et ça ne prend pas en compte les utilisateurs qui l’ont supprimé depuis, mais si Castex est content, nous sommes content pur lui. Face à ce « succès », certains puissants militent pour rendre le téléchargement de TousAntiCovid obligatoire.
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M. Leclerc enclin à rendre TousAntiCovid obligatoire pour accéder à ses magasins
C’est par exemple le cas de Michel Edouard Leclerc, grand patron des hypermarchés Leclerc. Le PDG estime qu’il ne serait pas contre l’idée de voir le gouvernement imposer le téléchargement de StopCovid pour pouvoir rentrer dans un commerce. « Aujourd’hui, vous ne pouvez rentrer que si vous avez un masque. Que vous soyez pour ou contre », argumentait le chef d’entreprise sur l’antenne de LCI ce mercredi 2 décembre 2020.
Pour rappel, le gouvernement a récemment « demandé » aux enseignes de la grande distribution de relayer en masse les publicités pour inciter à télécharger TousAntiCovid. À ce sujet, il faut noter que l’exécutif a mis le paquet dans la promotion de TousAntiCovid, entre les annonces dans les magasins, les spots publicitaires à la TV et depuis quelque temps les SMS envoyés à la quasi-totalité des Français. Ironie du sort, votre smartphone a probablement dû considérer ce texto comme un spam.

Une idée difficilement applicable
Mais revenons-en à l’idée brillante de monsieur Leclerc. Est-elle réellement applicable ? Rassurez-vous, rendre obligatoire le téléchargement de TousAntiCovid pour accéder à certains lieux publics est peu probable. Pour mémoire, lorsque la CNIL avait donné son autorisation pour le lancement de StopCovid en mai 2020, l’institution avait rappelé l’importance du caractère volontaire de l’utilisation de StopCovid. À ce titre, ceux qui refusent de télécharger l’application ne peuvent pas être pénalisés, de quelque manière que ce soit. Mais rappelons quand même que la CNIL n’a qu’un rôle consultatif et qu’elle pourrait se retrouver sur la touche très vite. Après l’appli obligatoire, le tatouage sur l’oreille ou une plume dans le c… ?
Cédric O, notre cher secrétaire d’État numérique et grand spécialiste des VPN ménage la chèvre et le chou. Même s’il a assuré à plusieurs reprises que cette obligation n’avait jamais été envisagée, que ce soit pour accéder à des commerces ou tout autre lieu accueillant du public, une solution alternative toute aussi contrariante pourrait être mise en place prochainement pour les restaurants et les bars.
Cette méthode pourrait s’inspirer du modèle britannique. « Aujourd’hui en Grande-Bretagne, vous devez flasher un QR code avec une application, vous devez d’ailleurs laisser vos coordonnées. On travaille à des fonctionnalités similaires pour faciliter la réouverture des restaurants et des bars », a expliqué Cédric O lors d’une interview sur Europe 1 fin novembre.
« On a beau me dire qu’en France
On peut dormir à l’abri
Des Pinochet en puissance
Travaillent aussi du képi »
Source : Le Figaro