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Le ministère de l’intérieur s’apprête à lancer un programme national d’identification faciale

Alicem pour « Authentification en ligne certifiée sur mobile », c’est le nom de cette application qui permettra bientôt aux citoyens français d’accéder aux services publics en ligne en s’identifiant grâce à la reconnaissance faciale. Selon le site Bloomberg.com, l’application devrait être lancée courant novembre, en avance par rapport à l’objectif initial qui prévoyait une sortie pour noël.

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Parlant d’objectifs, quels sont précisément ceux d ‘Alicem ? Dans un communiqué daté du 30 juillet 2019, le ministère de l’intérieur évoque la « simplification des démarches administratives » et « la lutte contre l’usurpation d’identité en ligne, et de façon plus générale, contre la cybercriminalité, en proposant une identité numérique garantissant un niveau élevé de sécurité. » Simplicité et sécurité donc, deux idées qui à priori ne posent pas de problème majeur, en particulier dans un univers numérique dominé par un risque omniprésent et protéiforme d’attaques et d’actes malveillants. Pour les utilisateurs, l’inscription à Alicem impliquera d’être en possession d’un passeport biométrique, de donner ses numéro de téléphone et adresse mail, de faire plusieurs photos sous différents angles, et enfin une vidéo dans laquelle il faudra cligner des yeux, tourner la tête ou sourire…

alicem surveillance
Capture d’écran du tutoriel d’inscription à Alicem…

Là où le bat blesse, c’est que l’utilisation d’Alicem est conditionné à l’usage de la reconnaissance faciale. Aucune alternative n’est prévue et même si comme l’affirme le gouvernement « créer un compte Alicem n’est pas obligatoire », accepter la reconnaissance faciale est en revanche obligatoire pour utiliser Alicem.

Large illégalité ?

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Il n’en fallait pas plus pour que les associations de défense de la vie privée montent au créneau. À commencer par la CNIL qui a estimé que cette absence d’options n’était pas en accord avec l’article 9 du RGPD, et demandé que le ministère propose des « solutions alternatives au recours à la biométrie ». La Quadrature du Net a de son côté déposé un recours devant le Conseil d’État pour demander l’annulation du décret autorisant la création d’Alicem, expliquant qu’il s’agit « de normaliser la reconnaissance faciale comme outil d’identification, en passant outre la seule condition qui devrait être acceptable pour son utilisation : notre consentement libre et explicite », et pointant du doigt la « large illégalité » dans laquelle sont menées les expérimentations de reconnaissance faciale.

Le défenseur des droits a affirmé pour sa part que ces dispositifs ne devaient « en aucun cas se substituer à l’accueil physique » et que des alternatives devaient « toujours être réservées pour les personnes n’ayant pas accès à Internet. »

Le moins que l’on puisse dire est donc que l’initiative du gouvernement ne fait pas l’unanimité, et même si l’objectif de « 100 % de services publics avec un accès dématérialisé à l’horizon 2022 » peut passer pour une modernisation nécessaire, il ne faudrait pas que cette « modernisation » qui semble inévitable se fasse à n’importe quel prix. Sur ce dernier point, Cédric O, Secrétaire d’État au Numérique se veut rassurant : « l’identité numérique est porteuse de beaucoup de choses en termes de protection. Ce doit être un facteur de facilité et de simplicité, non un facteur de surveillance. C’est un élément absolument essentiel pour [sa] réussite. »

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Une affaire à surveiller de près…


Le tutoriel officiel d’inscription à Alicem :

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