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La Chine déclare la guerre à Android

La tension est de plus en plus sensible entre Pékin et le système d’exploitation de Google. Celui-ci équiperait déjà près de 90% des appareils commercialisés en Chine. Mais les autorités envisageraient de pousser Android vers la sortie, au profit de solutions alternatives locales. Un enjeu majeur sur le marché le plus dynamique au monde.

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Android est de loin l’OS le plus populaire en Chine, bien plus qu’en Occident (où il est pourtant déjà majoritaire). Ayant un rapport qualité/prix supérieur aux produits Apple, Android s’est nettement imposé dans de nombreux pays émergents et représenterait aujourd’hui près de 90% du marché chinois ! Et le gouvernement local ne voit pas d’un très bon œil cette suprématie. Dans un rapport officiel, le ministère de l’Industrie et des Technologies de l’information estime notamment que l’hégémonie d’Android empêche l’émergence de solutions alternatives développées par les entreprises chinoises. Si les constructeurs comme Huawei ou ZTE écrasent la concurrence au sein de l’Empire du Milieu, la quasi-totalité de leurs appareils tourne effectivement sous Android.

Les Chinois se plaignent des innovations de Google : « On n’a pas le temps de copier ! »

Des tentatives ont bien été lancées depuis 2011, notamment par l’incontournable moteur de recherche Baidu et la société Alibaba. Mais leurs solutions alternatives présentent un défaut majeur : elles sont basées sur le code source d’Android ! Du coup, elles accusent un retard technologique permanent et ne sont pas meilleur marché. L’OS Aliyun de Alibaba n’équipe ainsi qu’environ 1% des appareils mobiles…

Android ios aliyun marché chinois os
Android représentait fin 2012 plus de 86% du marché chinois... loins devant iOS et le premier système chinois, Aliyun de Alibaba

« Bien que le système Android soit open source, le cœur de la technologie et la feuille de route technologique sont strictement contrôlés par Google » regrette le ministère chinois (source : Reuters). Ce qui paraît quand même de bonne guerre ! Les Chinois savent bien que copier n’est pas innover. À un moment donné, cette stratégie atteint ces limites. Et comme les relations avec Google sont crispées depuis de nombreuses années, on imagine bien que la firme américaine n’est pas pressée d’effectuer des transferts de technologie massifs vers la Chine.

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Les Chinois ont du génie pour copier : leurs alternatives "made in China" ne sont pour l'instant que des copies d'Android basées sur son code source

Des menaces réelles pour Android ?

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Si la Chine veut développer ces propres systèmes d’exploitation, elle devra mettre des bâtons dans les roues de Google (comme elle a si bien su le faire avec son moteur de recherche pour imposer Baidu) tout en investissant massivement auprès de ces fleurons technologiques. Le constructeur chinois Huawei, qui dispose aussi d’un large marché à l’export avec ses appareils, annonçait l’année dernière se lancer dans l’aventure. Des partenariats stratégiques avec des OS étrangers alternatifs sont même tissés pour une intégration technologique plus rapide. On parle notamment beaucoup de l’OS Sailfish, créé par la start-up finlandaise Jolia.

Rien que le marché national devrait pouvoir rentabiliser de tels investissements (sans parler des débouchés extérieurs) : la chine est depuis un mois le pays où l’on active quotidiennement le plus d’appareils mobiles (devant les États-Unis) et 300 millions seraient déjà en circulation.  Sur plus de 1,3 milliard d’habitants, on se rend compte que le marché est pourtant encore à conquérir… et Google ne veut bien sûr pas le perdre.

La guerre est déjà déclarée

Mais ce dernier ne va pas aussi bien que cela en Chine malgré le succès apparent de son système Android : les constructeurs et opérateurs chinois utilisent certes sa technologie, mais se font un malin plaisir de détricoter les fonctions essentielles de Google : plus de navigateur Chrome, de moteur de recherche Google, de services Cloud « made in Google »… ni même d’accès au Google Play pour un certain nombre : la guerre est déjà déclarée depuis de nombreuses années avec la bénédiction du gouvernement chinois. Et la prochaine étape semble bien être la mise à la porte pure et simple d’Android au profit d’autres solutions « locales ».

Quand l’OS chinois s’éveillera, Android tremblera (ou pas)

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Michael Clendenin, fondateur de l’agence d’audit Redtech à Shanghai, estime que « sauf à imposer une sorte de diktat stipulant que  »Android ne peut pas être utilisé ! », au cours des trois à cinq prochaines années, il sera pratiquement impossible pour un système d’exploitation local de briser le statu quo actuel » favorable à Google.

Et pour imposer de telles restrictions sur Android, Pékin devrait invoquer des raisons exceptionnelles, affirmant par exemple que Android serait une menace majeure pour la sécurité nationale, les entreprises ou les individus en raison de failles de sécurité. Le discours des officiels Chinois sera donc intéressant à suivre.

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