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Contrôle parental obligatoire : quand l’État désactive les parents

Encore un bel exemple de déconnexion de nos gouvernants lorsqu’il s’agit de nouvelles technologies : la France veut imposer aux fabricants de smartphones, tablettes et ordinateurs d’installer un logiciel de contrôle parental pour inciter les parents à protéger leurs enfants. Merci, mais de quoi je me mêle ?

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Le député LREM du Bas-Rhin Bruno Studer a dû se lever un matin comme un fou, trop content de l’idée qu’il venait d’avoir : « Tu te rends compte chérie ? Elle va sans doute s’appeler loi Studer quand on l’aura fait voter avec les copains ! C’est Dédé [son pote de squash, NDLR] qui va être vert ! ». Le rapporteur de la tristement célèbre loi « fake news », a en effet un projet génial : imposer à tous les fabricants d’appareils pouvant se connecter à Internet la mise en place d’un dispositif de contrôle parental sur leurs machines. Smartphones, tablettes, ordinateurs, consoles de jeu, TV connectées seront donc concernés. Et si Samsung, Apple, Sony, LG ou Xiaomi n’obtempèrent pas et bien on interdira leur produit sur le sol du bon roi Saint Louis. Le texte sera débattu par les députés à l’Assemblée nationale ces 19 et 20 janvier prochain, mais déjà les problèmes s’accumulent.

Un vrai problème, mais une solution bancale

Alors certes, les enfants sont connectés de plus en plus jeunes et il s’agit de limiter leur exposition à des contenus violents ou pornographiques. Certes les parents sont moins de la moitié à utiliser des systèmes de contrôle, mais est-ce vraiment à l’État de mettre son grain de sel là-dedans ? Surtout que si les fabricants sont obligés de placer une usine à gaz dans leurs appareils, les parents ne sont bien sûr pas obligés de le mettre en état de marche. Les géniteurs laxistes qui ne surveillent pas leurs progénitures ne risquent pas de le faire davantage avec ce type de logiciel. Et pas n’importe quel logiciel pioché au hasard puisque c’est l’Agence nationale des fréquences (ANFR) qui aura la charge de vérifier que le programme embarqué répond bien au cahier des charges et de distribuer les certificats de conformité.

Un gros bordel à venir…

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Selon Nono, les constructeurs « vont devoir adapter leurs produits sans surcoût ». Comme si Samsung et compagnie allaient développer à leurs frais un logiciel spécifique au marché français sans répercuter le prix sur le consommateur… Et même s’ils ont déjà un logiciel de ce type dans les cartons, il faudra l’installer dans le système, faire une notice d’utilisation, un service après-vente, etc. Prenons par exemple le cas de Sony qui commercialise tous les types de produits concernés, comment la société peut-elle facilement se mettre en conformité sur les TV, les PC et les appareils Android ? Et ce n’est pas fini puisque même les produits d’occasion seront concernés. Comment va s’organiser le marché du reconditionné ? Les vieux appareils pourront-ils faire fonctionner les logiciels récents ? Se pose aussi la question de la place que cela prend sur l’unité de stockage. Sera-t-il possible de désinstaller l’application ou le logiciel ?

Bruno Studer
Bon, nous sommes un peu durs avec Nono parce qu’il a quand même fait voter une loi pour encadrer l’exploitation commerciale des « enfants influenceurs » avec un droit à l’oubli sans que le consentement parental ne soit requis, ce qui reste quand même une bonne idée.

Les parents en PLS

Et pour les parents ? Le but est de les aider, mais s’il faut paramétrer un logiciel sur la TV, un autre sur le smartphone et un autre sur la console, ils risquent de cocher la case NON du contrôle parental aussi vite qu’ils cochent la case OUI de n’importe quel CGU. Enfin, la proposition de loi est floue puisque ces logiciels devront prévenir l’accès à des contenus « susceptibles de porter atteinte à l’intégrité morale ou physique de personnes mineures ». Dans « susceptibles de porter atteinte à l’intégrité morale », on est d’accord qu’on peut mettre absolument n’importe quoi, non ?

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