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Carte Vitale : vos données médicales sont revendues à une société privée

Si mettre un « J’aime » sur une page « Facebook » vous apporte son lot de publicités ciblées, saviez-vous que vos informations personnelles étaient collectées à chaque fois que vous allez chez votre pharmacien ?

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« Big Brother is watching you » peut-on lire dans 1984, roman d’anticipation de George Orwell publié en 1949 qui décrit une société sous haute-surveillance. Ce monde glaçant ressemble pourtant de plus en plus à celui dans lequel nous vivons, alors que nos données sont collectées à droite à gauche, pour le plus grand plaisir de ceux qui lorgnent allégrement sur nos porte-monnaie. Si l’on s’attend à toutes les bassesses de la part de grosses sociétés comme Google ou Facebook, nous découvrons aujourd’hui que nous portons sur nous un autre mouchard inattendu : notre carte vitale !

Un besoin de données vitales

C’est en effet ce que révèle le prochain numéro de Cash Investigation, l’émission de France TV. Déjà disponible en streaming sur le site du groupe, il sera diffusé à la télévision le jeudi 20 mai sur France 2. Intitulé Nos données personnelles valent de l’or, ce nouvel épisode se penche sur le business de données qui sont collectées et revendues dans le monde entier. Nos téléphones portables sont bien sûr en premier lieu pointés du doigt quant à la transparence relatives des différentes applications qui nous suivent du matin jusqu’au soir.

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Si nous avons fini par finalement un peu fermer les yeux sur l’affaire, comme de douces victimes consentantes qui se fichent un peu qu’on sache qu’elles aiment les pizzas au chorizo, c’est une tout autre histoire quand le problème concerne nos données médicales. Elise Lucet et son équipe mettent en effet en lumière une connexion troublante entre les pharmaciens et la société américaine IQVIA. Cette compagnie de data broker est une des plus grosses revendeuses de données médicales au monde et elle a pignon sur médicaments en France !

À LIRE ► Facebook, Twitter, Gmail… Vos données privées en vente sur le Dark Web ?

Endormissement à la carte

IQVIA a mis en place en toute légalité un partenariat avec plus de 10 000 pharmacies en France. Le principe est très simple : la compagnie américaine fournit gratuitement un logiciel de logistique aux professionnels de la santé. Ces derniers y rentrent alors, pour chaque client, toutes les informations les concernant, du numéro de sécurité sociale en passant par le médecin traitant et autres informations personnelles…transmisent en continu directement sur les serveurs d’IQVIA. A chaque passage de votre carte vitale et achat dans une pharmacie, vous êtes donc malgré vous tracés et changés en data qui seront revendues. On connaît alors votre état de santé, comment vous vous soignez, avec quoi et autres réjouissances.

Un besoin de données vitales
©Pixabay

Outre la gratuité du logiciel, les pharmaciens gagnent 6 euros par mois et ont également accès à des graphiques qui sont bien pratiques pour ajuster les stocks. Là où le bât blesse, c’est que le client n’est pas du tout au courant que ses informations sont envoyées librement et donc exploitées sans son consentement. La CNIL oblige pourtant les pharmaciens à le faire et vous avez même droit de refuser qu’elles le soient. Il faut dire que, parfois endormi par la promesse d’avoir accès gratuitement à un logiciel grâce à la générosité apparente des filous de chez IQVIA, les professionnels ne sont souvent eux-mêmes pas au courant. Un comble !

IQVIA : la force tranquille

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Ces rois de la récolte hors ligne font aujourd’hui un chiffre d’affaire annuel de 10 milliards d’euros ! Le business est donc florissant. Interrogé dans l’émission, Jean-Marc Aubert, président de la filiale française d’IQVIA, se veut néanmoins rassurant en ce qui concerne l’anonymisation de cette récolte qui toucherait, selon une estimation, plus de 40 millions de Français et de Françaises. L’homme d’affaire assure que les données sensibles ne sont attachées à aucun nom et que les identités restent secrètes. Néanmoins, comme on peut le voir dans le reportage de France TV, un spécialiste du sujet de L’Imperial College de Londres semble dire que tout cela est un leurre puisqu’il suffit de 6 informations concernant une personne pour la retrouver dans une liste dans laquelle les noms n’apparaissent pourtant pas.

Difficile en découvrant tout ça de ne pas se sentir… malade !

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