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Verra-t-on un jour des smartphones et tablettes « made in France » ?

À l’heure où les produits locaux sont de plus en plus valorisés, les constructeurs de smartphones et tablettes français rivalisent de stratégies pour se démarquer dans un marché très concurrentiel. Mais peut-on vraiment parler d’appareils « made in France » ?

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Samsung et LG ? Coréens. HTC et Asus ? Taïwanais. Sony ? Japonais. Difficile pour les non-initiés de citer les constructeurs français : Archos, Memup, EVI, Humelab et Unhowhy. Difficile pourtant d’affirmer que leurs produits partagent cette nationalité.

Conception, assemblage et post-production

Avant d’obtenir une tablette (ou un smartphone), il faut la concevoir (l’imaginer), décider des composants à intégrer, les assembler, etc. Vient ensuite la vente, le Service Après-Vente (SAV)…

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Suivant les constructeurs, ces étapes se feront ou non en France. Chez Memup, Laurent Samama, directeur marketing et commercial de la firme, est transparent : «Les composants de nos tablettes proviennent d’Asie, où sont aussi effectués l’assemblage et l’intégration matérielle (le système d’exploitation, les applications… NDLR).

La conception du produit, la réflexion sur son design et le contenu logiciel, l’aspect marketing ou encore le SAV sont assurés en France». Même chose chez EVI et ses gammes Yzi et Wallet. Nicolas Ruiz, son président, nuance cependant : «Pour les commandes de professionnels surtout, une partie de l’assemblage peut se faire en France. Soit parce qu’ils l’exigent, soit par praticité».

made in france
La table connectée Tabata, sous Windows, est entièrement "made in France"

La délocalisation de la fabrication des appareils, pour des coûts moins importants, a même été un facteur déterminant dans la «résurrection» d’Archos il y a quelques années, en lui permettant de proposer des prix plus compétitifs. Il y a trois ans, Archos lançait d’ailleurs la marque low cost Arnova avec un pôle de Recherche et Développement en Chine pour mieux pénétrer le marché du pays.

Des produits de niche

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Unowhy (QOOQ, tablette dédiée à la cuisine, et TED, pour l’Éducation Nationale) et Humelab (tables connectées sous Windows 8 Tabata et Lola) sont les seuls constructeurs à fabriquer en France. Ils se positionnent sur des appareils très spécifiques et ne cherchent pas à rivaliser avec les tablettes «classiques». Pour Sébastien Fernandes, cofondateur de Humelab, fabriquer en France est même «bien plus avantageux pour contrôler parfaitement les coûts». Avec son prix de vente entre 6 000 et 6 800 €, Tabata resterait ainsi «20 à 30 % moins cher que des produits similaires».

Chez les constructeurs de tablettes plus génériques, on reste réaliste : «Nous pourrions chercher à produire ici, mais cela veut dire vendre nos tablettes 400 € ou plus, au lieu de notre fourchette de 70 à 250 € environ. Ce ne serait pas pertinent vis-à-vis du marché actuel», indique Laurent Samama de Memup.

D’où viennent les composants ?

Smartphones et tablettes sont composés d’éléments indépendants : processeur, écran, batterie… D’une manière générale, ils proviennent d’entreprises reconnues dans le secteur, comme LG (batterie, écran…), Intel (processeur), etc. Les puristes pourront donc arguer qu’aucun produit n’est réellement 100 % français…

Nicolas Ruiz précise même que sur le secteur du grand public, «il n’y a pour l’instant pas d’intérêt à faire fabriquer nos produits en France. L’important, c’est de gérer l’amont et l’aval».

Et l’image de marque dans tout ça ?

L’étiquette «made in France» séduit. Si les constructeurs sont conscients de son impact positif, difficile de la revendiquer : Memup a choisi de le faire sur une de ces gammes de disques durs qui, eux, sont assemblés en France. D’une manière générale, il s’agit surtout de rappeler que la conception du produit est bien française, comme le SAV. «Cette proximité rassure sur la qualité du produit», indique Nicolas Ruiz.

Étonnamment, Humelab n’est pas spécialement attachée à cette image. «C’est positif pour nous, mais l’ingénierie française n’a pas attendu qu’on parle d’elle pour être compétitive».

Le cas Wiko

Entreprise basée à Marseille, Wiko est pourtant une filiale du constructeur chinois Tinno. En France, Wiko assure surtout la commercialisation et le SAV de ses smartphones, tandis que la fabrication du produit se fait en Chine. Encore une autre manière de concevoir le « made in France ».

Tous les constructeurs interrogés sont d’accord sur un point : pour se différencier sur le marché, un produit estampillé «made in France» ne suffit pas.

Le made in France impossible ?

Réalité économique complexe, budget des ménages serrés, image peu vendeuse en elle-même… Il ne serait pas viable de tout miser sur un smartphone ou une tablette générique 100 % française, la faute à des coûts trop élevés par rapport à l’étranger. Sauf à créer un produit de niche, réduisant de facto la concurrence. Un bilan maussade qui a un point positif : les constructeurs français doivent nécessairement rivaliser d’innovation et d’originalité pour que leurs produits restent dans la course.

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